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Soldats français affublés de casques allemands, à Neufmontiers.
ANONYME
Douille gravée.
Ensemble de bagues réalisées à partir de métal récupéré.
Presse-papier.
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Titre : Soldats français affublés de casques allemands, à Neufmontiers.
Auteur : ANONYME ( - )
Date de création : 1914
Date représentée : 1914
Dimensions : Hauteur 9 - Largeur 13,9
Technique et autres indications : Edition E. Le Deley.Impression sur papier.
Lieu de Conservation : musée de l’Armée (Paris) site web
Contact copyright : © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrettesite web
Référence de l'image : 06-519682 / 999.462
Soldats français affublés de casques allemands, à Neufmontiers.
© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette
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Titre : Douille gravée.
Auteur :
Date représentée :
Dimensions : Hauteur 35 - Largeur 8
Technique et autres indications : Laiton repoussé.
Lieu de Conservation : Collection particulière
Contact copyright : © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emile Cambier
Référence de l'image : 07-515766
© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emile Cambier
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Titre : Ensemble de bagues réalisées à partir de métal récupéré.
Auteur :
Date représentée :
Dimensions : Hauteur 0 - Largeur 0
Technique et autres indications : Ensemble de bagues en aluminium, cuivre ou étain, réalisées à partir de métal récupéré de balles de fusil, boutons d'uniformes…
Lieu de Conservation : musée de l’Armée (Paris) site web
Contact copyright : © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emile Cambier
Référence de l'image : 07-516541 / 2007.2.76-77-78-79-80-81
Ensemble de bagues réalisées à partir de métal récupéré.
© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emile Cambier
© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emile Cambier
Date de publication : novembre 2008
Contexte historique
Créer pour s’occuper
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, la durée des conflits est en général assez réduite. Avec l’enlisement de la guerre et la mise en place des tranchées, les soldats au contraire attendent, retranchés dans leurs galeries, les attaques ennemies ou l’ordre d’assaut ; entre deux offensives ou dans les campements situés en seconde ligne où ils se reposent avant de retourner sur le front, ils se trouvent désœuvrés. Cette situation inédite donna naissance à un art populaire singulier : l’artisanat de tranchée. Un grand nombre de conscrits, jusque-là artisans ou paysans, savent en effet travailler de leurs mains et mobilisent ces savoir-faire particuliers au monde rural et artisanal préindustriel pour s’occuper.
Analyse des images
Récupération et détournement du matériel militaire
Outre les matériaux à portée de main (bois, tissu), ces créations sont essentiellement réalisées à partir d’éléments récupérés sur le champ de bataille, aux risques et périls des soldats qui s’exposent alors aux balles ennemies. La quête des matières premières rares s’effectue également dans les maisons abandonnées, les villes détruites ou sur les prisonniers et les morts qui sont dépouillés de tout ce qui peut servir. À l’image du cliché Soldats français affublés de casques allemands à Neufmontiers, où les militaires, coiffés du casque à pointe, posent devant leur butin, le produit de cette collecte constitue souvent une sorte de trésor de guerre, surtout lorsqu’il a été soustrait à l’ennemi. Les douilles d’obus vides, les fusées (partie supérieure qui coiffe les obus), les munitions, les décorations, les pièces de monnaie et autres objets métalliques sont ainsi transformés en vases (Douille gravée), en encriers, en presse-papiers, en briquets, en bagues ou en modèles miniatures de chars, d’avions et autres. Les morceaux de métal sont fondus, découpés, soudés puis gravés ou ornés de cartouches de fusil, d’insignes comme le bouton d’uniforme ou la balle de pistolet utilisés pour deux bagues de l’Ensemble de bagues réalisées à partir de métal récupéré. « Et quand je pense qu’avec ça ils font des bagues », s’exclame le soldat du presse-papiers : l’ingéniosité déployée dans l’artisanat de tranchée est en effet d’autant plus étonnante que les poilus n’ont que les « moyens du bord » pour fabriquer ces objets. Afin de ne pas alourdir leur équipement, ils limitent au maximum leurs ustensiles et ont surtout recours aux outils qui composent l’attirail standard du soldat : ils emploient par exemple leur cousette ou leur couteau pour graver et leur casque comme récipient pour fondre le métal.
Interprétation
Des objets signifiants
Au départ très spontané, l’artisanat de tranchée prit rapidement beaucoup d’ampleur. L’engouement qu’il suscite à l’arrière, parmi les civils, conduit à la création d’une véritable industrie. Des ateliers dédiés à la fabrication de ces objets sont mis en place dans les campements en seconde ligne, les centres de rééducation professionnels pour les mutilés de guerre produisent des artefacts similaires, des bijoutiers vendent des copies réalisées par des civils. Des expositions et des ventes sont également organisées pour montrer le travail des poilus et soutenir des actions caritatives. Chacun veut voir ou posséder un objet façonné par un soldat ; les bagues notamment ont un succès considérable. Pour les civils de l’arrière, ces créations singulières représentent non seulement un souvenir des amis ou des membres de la famille partis au front, mais aussi un lien avec le cœur de la guerre. Avoir sous les yeux des artefacts réalisés avec les matériaux entourant les poilus, et surtout ceux directement liés au combat – munitions, projectiles, armes – leur donne l’impression de partager une partie de l’expérience des combattants. Ils apprennent à connaître les objets de mort qui tuent leurs proches tout en participant, par leur achat, à l’effort de guerre, c’est-à-dire à la victoire. L’artisanat de tranchée est le support d’un investissement affectif et psychologique important non seulement chez les civils, mais également chez les poilus qui expriment, à travers l’iconographie de ces objets, les idéaux pour lesquels ils se battent, leurs conceptions de l’ennemi, leurs désirs ou leurs peurs.
- Guerre de 14-18
- poilus
- tranchées
Bibliographie
Stéphane AUDOIN-ROUZEAU, Annette BECKER, 14-18, retrouver la guerre, Paris, Gallimard, 2000.Annette BECKER, « Graffiti et sculptures de soldats, traces de la culture de guerre », 14 /18 Aujourd’hui-Today-Heute, n° 2, 1998, p.116-127 [dossier : « L’archéologie et la Grande Guerre »].Nicole DURAND,De l'Horreur à l'Art, Paris, Seuil, 2006.Patrice WARIN, Artisanat de tranchée et briquets de Poilus de la guerre 14-18, Louviers, YSEC Editions, 2001, 208p.Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004.
Pour citer cet article
Claire LE THOMAS, « L'artisanat de tranchée »